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Un dîner tchèque
Thomas est un fonctionnaire anglais, missionné pour superviser le pub anglais du pavillon britannique, à l'occasion de l'Exposition universelle de Bruxelles, en 1958. Anneke, de nationalité belge, est hôtesse de l'Exposition. Ils sont les héros du roman de Jonathan Coe, Expo 58 (éd. Gallimard, 2014). Ils se voient offrir un dîner au Praha, le restaurant tchèque de l'Exposition.
Anneke et lui furent bientôt introduits avec révérence dans un salon particulier, où ne trônait qu'une seule table, avec un énorme vase d'argent croulant sous les fleurs, et où l'assortiment de couverts laissait augurer un repas très long.
"Monsieur, Madame", dit le serveur en leur désignant leurs sièges. Il leur présenta ensuite deux menus, gravés en lettres d'or sur carton blanc rigide, puis il quitta la pièce avec discrétion, leur laissant une intimité qui dépassait de loin leurs espérances respectives.
[...]
Ni l'un ni l'autre n'avait jamais festoyé de cette façon. Incapables de se décider d'après la carte, malgré les traductions en anglais, ils demandèrent au maître d'hôtel de leur établir une sélection. Les plats se succédèrent sans temps mort, spectaculairement copieux. Mais chaque sensation gustative était si insolite, si délicieuse, qu'ils y firent honneur beaucoup mieux qu'ils ne l'auraient cru. Ils eurent du steak tartare kolkovna, servi avec du pain frotté à l'ail ; un bouillon de bœuf nommé hověsi polévka ; des crêpes merveilleusement savoureuses (bramboráky) ; du gigot d'agneau braisé au vin rouge avec des pommes de terre au romarin ; du soufflé au chocolat ; du strudel aux pommes, et puis encore des crêpes pour finir, à la glace ua yaourt et aux myrtilles, celles-là. Ils commencèrent le dîner avec les bulles d'un sekt de Bohême, puis on leur servit un gewurztraminer délicieusement fruité, suivi d'un pinot noir de Moravie liquoreux, avec des notes de prune.
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