• On a toujours besoin de petits pois... chez soi...

    C'est l'une des premières publicités télévisées dont je me souvienne : un petit poussin chantait les louanges des petits pois (en boîte) de sa voix flûtée, dans une série de courts films d'animation. C'était en noir et blanc.

     

    Du pois sec...

    Le pois est l'un des plus anciens légumes cultivés d'Europe et d'Asie. Ce légume serait originaire de l'Orient ou de la Perse, puis aurait été importé vers l'Asie Mineure et l'Europe par les peuples aryens. On a trouvé sa trace dans le sud-ouest de l'Asie, remontant à 10 000 ans, au Néolithique. 

    Sous l'Antiquité, il était essentiellement consommé dans tout le pourtour méditerranéen : le pois sec (pisum eliator), qui devait ressembler au pois chiche d'aujourd'hui, était concassé avant d'être cuit.  

    Au Moyen-Âge, le pois était devenu en France l’une des principales ressources alimentaires. A la porte des couvents, on servait la soupe de pois aux pauvres. On le cuisinait souvent avec du lard. Le pois ne sera finalement concurrencé que par la pomme de terre ! 

    ...au petit pois

    Le 'pois vert', ou 'petit pois' n'apparaît en France qu'au 16e siècle, en provenance d'Italie.

    En l'an 1600, un ambassadeur de France aux Pays-Bas rapporte à la cour des pois sans parchemin, appelés pois gourmands. En 1660, un limonadier français rapporte de Gènes un cageot de petits pois verts frais qu’il offre à Louis XIV. Le roi y goûte et en devient tout à fait friand. Il exige alors de son jardinier, La Quintinie, des petits pois en primeur. La Quintinie produit donc des petits pois dans les serres du potager de Versailles.

    La mode est désormais lancée. La marquise de Sévigné rapporte ainsi la folie des petits pois :

    L’impatience d’en manger, le plaisir d’en avoir mangé et la joie d’en manger encore sont les trois points que nos princes traitent depuis quelques jours. Il y a bien des dames qui, après avoir soupé chez le roi, trouvent des pois chez elles pour manger avant de se coucher, au risque d’une indigestion. C’est une mode...c’est une fureur.

    La culture du petit pois, d'abord cantonnée au sud de la France, se développe dans la région parisienne, et finalement dans l'ouest et le nord du pays. Les villes de Clamart et de Saint-Germain-en-Laye en font leur spécialité, comme en témoignent des noms de recettes (potage Saint-Germain et purée Clamart). Chaque 1er juin, la ville de Clamart continue de célébrer le petit pois. Les maraîchers se passionnent pour sa culture et baptisent les différentes variétés : "Prince Albert", "Léopold II", " Emeraude", "Merveille d'Etampes", "Sabre", ou encore "Alaska". En 1925, on dénombre déjà 360 appellations.

    Porte-bonheur

    À Marseille, les cosses contenant 9 petits pois étaient considérées comme porte-bonheur.

    Les lois de l'hérédité

    Le 8 février 1865, le moine autrichien Gregor Mendel publie ses Expériences sur les plantes hybrides où il expose les lois de l'hérédité auxquelles il donnera son nom. Il les a établies en étudiant la transmission des caractères biologiques chez les petits pois. Pendant 18 ans, il a croisé entre eux des petits pois, en s'intéressant particulièrement à 7 caractères héréditaires, dont la forme des graines (lisse ou ridée).

    Il a commencé par sélectionner des pois de race pure, c'est-à-dire des pois à graines lisses dont tous les descendants possèdent des graines lisses. Il a fait de même avec les pois à graines ridées.

    Puis il a croisé les plants issus de pois à graines lisses avec les plants issus de pois à graines ridées. Lors de la première génération (F1), toutes les graines de pois produites par les plantes avaient un aspect lisse. Le caractère "ridé", pourtant présent chez l'un des parents, semblait avoir complètement disparu. 

    Mendel a croisé alors les plants obtenus en F1 entre eux. Et parmi les descendants de seconde génération (F2), le caractère "ridé" a réapparu dans une proportion de 1 pour 3.

    La conclusion s'est alors imposée : le caractère "lisse" était dominant et le caractère "ridé" était récessif. Mendel fut le premier à comprendre les lois qui régissent la transmission des caractères héréditaires.

    Seulement, il semble que Mendel ait "arrangé" ses résultats pour qu'ils collent à la théorie. En effet, sur la totalité de ses expériences, les résultats correspondent toujours exactement à ce que prévoit la théorie de l'hérédité !

    Ces chiffres sont trop beaux pour être vrais. La probabilité d'obtenir de tels résultats serait en effet assez faible, les lois qui régissent l'hérédité étant des lois statistiques. Il aurait fallu que Mendel considère beaucoup plus de petits pois pour obtenir des résultats aussi proches de la théorie. En pratique, c'était difficile, voire impossible.

    Il semble par conséquent que Mendel avait sa théorie en tête avant de se lancer dans les expériences dont il aurait ensuite "amélioré" les résultats. 

    La princesse au petit pois 

    Une femme délicate au point de ne pas pouvoir trouver le sommeil sur 20 matelas et 20 édredons, quand un petit pois s’est glissé sous le premier matelas, ne peut être qu’une authentique princesse, c’est la morale d’un conte danois bien connu…

    Il était une fois un prince qui voulait épouser une princesse, mais une vraie princesse. Il fit le tour de la terre pour en trouver une mais il y avait toujours quelque chose qui clochait ; des princesses, il n’en manquait pas, mais étaient-elles de vraies princesses ? C’était difficile à apprécier, toujours une chose ou l’autre ne lui semblait pas parfaite. Il rentra chez lui tout triste, il aurait tant voulu avoir une véritable princesse.

    Un soir, par un temps affreux, éclairs et tonnerre, cascade de pluie que c’en était effrayant, on frappa à la porte de la ville et le vieux roi lui-même alla ouvrir.

    C’était une princesse qui était là dehors. Mais grands dieux ! de quoi avait-elle l’air dans cette pluie, par ce temps ! L’eau coulait de ses cheveux et de ses vêtements, entrait par la pointe de ses chaussures et ressortait par le talon ... et elle prétendait être une véritable princesse ! Nous allons bien voir ça, pensait la vieille reine, mais elle ne dit rien. elle alla dans la chambre à coucher, retira la literie et mit un petit pois au fond du lit ; elle prit ensuite vingt matelas qu’elle empila sur le petit pois et, par-dessus, elle mit encore vingt édredons en plumes d’eider. C’est là-dessus que la princesse devrait coucher cette nuit-là. Au matin, on lui demanda comment elle avait dormi. Affreusement mal, répondit-elle, je ’n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit. Dieu sait ce qu’il y avait dans ce lit. J’étais couchée sur quelque chose de si dur que j’en ai des bleus et des noirs sur tout le corps ! C’est terrible ! Alors, ils reconnurent que c’était une vraie princesse puisque, à travers les vingt matelas et les vingt édredons en plume d’eider, elle avait senti le petit pois. Une peau aussi sensible ne pouvait être que celle d’une authentique princesse. Le prince la prit donc pour femme, sûr maintenant d’avoir une vraie princesse et le petit pois fut exposé dans le cabinet des trésors d’art, où on peut encore le voir si personne ne l’a emporté.

    Hans Christian Andersen

     

     

     

     


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