• Eloge de la négligence

    Certaines inventions ou découvertes auraient bénéficié d'un coup de pouce du hasard. Du moins, c'est ce que l'on dit.

    Je ne suis pas certaine que le hasard ait en fait une grande place dans les découvertes qui suivent.  Elles doivent en revanche beaucoup à la négligence et au non respect de règles d'hygiène.

    Découverte de la vulcanisation : une maladresse 

    Charles Goodyear tient à l'origine un commerce de quincaillerie à Philadelphie. Il est également inventeur à ses heures. Les temps sont durs et Goodyear a souvent de gros soucis d'argent. A partir de 1834, il se lance dans des recherches sur la stabilisation du caoutchouc, un matériau qui présente l'inconvénient de ramollir  avec la chaleur et de durcir avec le froid. Ses expériences empestent le quartier, au point qu'il doive déménager. 

    En 1839, alors qu'il travaille avec  du caoutchouc soufré (le soufre empêche le caoutchouc d'être collant), il en fait tomber accidentellement un morceau dans le poêle : il vient de découvrir, grâce à sa maladresse, le principe de la stabilisation du caoutchouc par vulcanisation. Il lui faudra encore plusieurs années pour améliorer ses résultats et développer plusieurs inventions, notamment autour du caoutchouc.  Malheureusement pour lui, il ne saura pas tirer bénéfice de ses inventions et il se fera coiffer au poteau par un nommé Thomas Hancock, qui dépose le brevet de la vulcanisation avant lui, en 1843. Charles Goodyear meurt couvert de dettes en 1860. 

    Décourverte de la pénicilline : une négligence

    Bactériologiste à Saint-Mary's hospital, à Londres, Alexander Fleming étudie le staphylocoque, une bactérie à l'origine de maladies infectieuses. Après une absence, il découvre que les boîtes de Pétri dans lesquelles il cultive ses bactéries ont été contaminées par une moisissure, le penicillium notatum. Or les staphylocoques ne se sont pas développés autour des champignons. C'est ainsi que Fleming découvre, fortuitement, le pouvoir anti-bactérien du penicillium notatum. Il isole la substance active qu'il baptise pénicilline. On est en 1928. Il faudra attendre 1939 pour que la pénicilline soit mise au point et 1942 pour qu'elle soit produite industriellement.

    Les circonstances de la découverte des vertus du penicillium tiennent de la légende. Comme dans toutes les légendes, on trouve plusieurs versions : pour les uns, c'est une moisissure arrivée par la fenêtre, flottant dans l'air, qui aurait contaminé les boîtes de Pétri ; pour d'autres, les fameuses moisissures venaient d'un sandwich que Fleming aurait laissé traîner plusieurs jours sur sa paillasse.
    Il semblerait en fait que la moisissure venait du laboratoire de mycologie de l'hôpital, qui travaillait sur les effets allergènes des moisissures. Des spores seraient arrivées par la cage d'escalier jusque dans le laboratoire de Fleming. 

    Découverte de la saccharine : un manque d'hygiène

    En 1879, Ira Remsen et Constantin Fahlberg travaillent à l'université Hohns-Hopkins sur des dérivés de la houille. L'un d'eux (les sources ne sont pas d'accord sur l'identité du découvreur) va dîner un soir sans se laver les mains et s'aperçoit en léchant son pouce que sa peau a une saveur sucrée. Les deux savants travaillent ensemble sur cette découverte et en publient les résultats, mais c'est Fahlberg seul qui dépose le brevet et fait fortune en produisant industriellement la saccharine. Il s'agit du premier édulcorant artificiel.

    Plus récemment, l'aspartame, un autre édulcorant de synthèse, a été découvert dans des circonstances similaires. En 1965, le chimiste James Schlatter travaille sur un médicament contre les ulcères. C'est en léchant son doigt pour saisir une feuille de papier qu'il s'aperçoit des vertus édulcorantes de l'aspartame, un intermédiaire de synthèse.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :